mercredi 23 décembre 2020

Télétravail - Bilan après 9 Mois à 100%

Image par maitematas de Pixabay


Lundi 9 Mars :

La décision tombe, ça y est, ma demande de télétravail est validée par mon employeur, a partir de Lundi, je travaillerais donc de la maison pour la première fois en semaine.

Il faut dire que comme je fais partie des personnes dites à risque. J'avais appris vendredi que je pouvais demander à mon employeur de passer en télétravail par principe de précaution, j'ai donc fait la demande. Dans la foulée j'ai reçu un accord de la médecine du travail. J'attendais donc un retour de ma hiérarchie, voir des ressources humaines pour valider cet accord. Je me suis donc dit que ça allait surement mettre quelques jours.
Mais ce Lundi, à mon arrivée, croisant mon N+2, il me demande ce que je fais là, c'est comme ça que j'ai compris que ma demande était validée depuis vendredi.

Une fois la journée passée, même si je ne pensais pas que le télétravail serait si long, je sais que cette fois je ne reviendrais pas tout de suite au travail. Je prends donc quelques instants pour ranger mon bureau, donner quelques instructions pour arroser mes plantes (il faut dire que j'ai un vraie forêt !).
Et puis je me demande, quel matériel je vais avoir besoin pour travailler dans de bonnes conditions, qu'es que j'ai à la maison que je pourrais utiliser ?
Je disposais au travail de 3 écrans (celui de l'ordinateur portable, plus 2 autres), j'en ai donc profité pour emmener un écran, le dock pour placer le PC et avoir toute les sorties vidéo nécessaires, le casque utilisé pour appeler ses collègues (on parle ici d'un modèle type JABRA BIZ qui fait penser aux standards téléphoniques), le reste est déjà présent à la maison.

C'est parti pour une balade en ville pour retrouver ma voiture avec tout ce matériel sous les bras, j'ai fait partie des premiers, et j'ai croisé pas mal de regards interloqués.

Une fois arrivé à la maison, j'ai tout de suite installé un "poste de travail" dans notre chambre, c'est une pièce assez grande ou les enfants ne devraient pas venir jouer. Normalement tout est prêt pour Mardi.

Mardi 10 Mars :

Première chose flagrante, pas besoin de se réveiller aussi tôt ! Je me lève tranquillement, prends un petit déjeuner avec ma femme et les enfants, et passe à l'étage dans le bureau improvisé. J'ai gagné un peu de sommeil, profité un peu plus de mes enfants, et pourtant je suis au "boulot" un peu plus tôt que d'habitude.
Nous devons faire en moyenne 7h48 par jour, il faut donc pointer virtuellement sur l'intranet de l'entreprise lorsqu'on se connecte et se déconnecte.

Il est 7h30, la connexion au réseau de l'entreprise se passe bien, je suis le premier de mes collègues connecté et je peux traiter les premiers incidents de tâches de la journée.

J'apprends un peu plus tard qu'un collègue dans la même situation que moi n'a pas eu droits au télétravail, il n'est pas passé par le même circuit hiérarchique que moi, je lui recommande de passer par l'autre voie. Il aura également cet accord dans la journée.

Moi qui ai l'habitude de l'open-space, maintenant que le plus grand est à l'école, je prends plaisir à me concentrer plus facilement sur les projets. Plus de conversations à haute voix, d'appels téléphoniques ou d'autres sources de bruits incessants présent dans n'importe quel open-space.

Coupure de midi, nous avons la permission de faire une pause de 45mn minimum, ma femme a préparé le repas, il ne reste plus qu'à en profiter. J'en profite même pour bricoler un peu et sortir dans le jardin avant de reprendre mon poste.

Jeudi 12 Mars : 

La routine reprend doucement ça place, mais avec un meilleur confort. Je commence à me rendre compte que je gagne presque 2h par jour en temps de transport et autres déplacements dans la journée. Les journées se rallongent et ce temps gagné surtout le soir me permet de beaucoup plus profiter des enfants.
Retour en arrière pour mon collègue, finalement il n'a pas le droit au télétravail.
A situation inhabituelle, organisation encore mal rodée et tout aussi déboussolée que nous.

Lundi 16 Mars :

La situation empire tous les jours, je reste dans mon cocon à la maison pour ne pas prendre de risques. Au retour de l'école ou de sortie, nouveau rituel, prendre une douche et changer de vêtements pour ne rien ramener sur nous.

Le soir, allocution du président de la république, tout le monde sera confiné à partir de demain midi, j'attends de voir ce que mon employeur va proposer à mes collègues.

Mardi 17 Mars :

Tout le monde en télétravail, la direction l'impose à toute notre branche, impératif pour le lendemain.
Les collègues s'organisent, il n'est plus possible de prendre du matériel à part son PC et son casque.

Le réseau commence à montrer quelques signes de fatigue, il commence à y avoir du monde à distance.

D'un autre côté les enfants sont à la maison, le bruit oublié de l'open-space refait son apparition.

Mercredi 18 Mars : 

Comme je me connecte assez tôt, tout fonctionne encore, mais vite des ralentissements arrivent, l'entreprise multiplie par 40 le nombre de connexion à distance par rapport à d'habitude.

On commence à devoir bidouiller avec le logiciel de connexion à distance pour réussir à se connecter.
On se pose des questions avant de d'ouvrir un fichier volumineux à distance.

On apprend aussi que tous les externes n'ont plus le droit de travailler, ils n'ont pas les habilitations pour travailler à distance, et il n'y a plus personne pour les encadrer sur place. Nous perdons donc une grosse partie de nos "petites mains".

Lundi 23 Mars : 

Les équipes réseau travaillent jour et nuit pour booster les serveurs. La situation s'est grandement améliorée, on peut travailler de nouveau de façon "habituelle".

On sent que la communication dans l'équipe se grippe un peu, il faut trouver de nouvelles marques, penser à utiliser la messagerie instantanée, ou appeler. Les appels vidéos sont bloqués car ils utilisent trop de bande passante.

Avril :

Certains collègues comment à montrer quelques signes de détresse suite à l'isolement, tout le monde n'a pas forcément quelqu'un à la maison, même si c'est juste pour discuter.

Certains autres commencent à souffrir du manque d'équipement adéquat, travailler uniquement sur l'ordinateur portable, ne pas avoir de vraie chaise de bureau mais juste une chaise de salle à manger, ou pire, juste le canapé. Il est maintenant possible de récupérer un écran de travail pour l'emmener à la maison.

Les projets ralentissent ou s'arrêtent par manque bras. Mais les affaires courantes continuent à fonctionner sans accros.

Il fait globalement beau, pour nous, c'est très plaisant, les enfants jouent dehors, on peut manger à midi dans le jardin, on bricole, les enfants peuvent se dépenser. Nous avons des pensées pour tous ceux qui n'ont pas cette chance, nous nous sentons vraiment privilégiés.

Notre plus grand espère bientôt revoir ses copains, on lui que ce sera pour bientôt, mais finalement le confinement rattrape les congés scolaires, et les dépasse même. Il faut aussi sa détresse à lui, il ne comprend pas encore tout, mais a tout de même la sensibilité et sa tristesse émerge, ses amis lui manquent, ce n'est pas pareil d'être juste avec sa sœur qui commence tout juste à s'exprimer, mais ne peut pas encore courir, sauter et partir dans de belles aventures.

Lundi 11 Mai :

Le confinement se termine, les collègues sont impatients de se retrouver au bureau.
Le télétravail reste partiellement en place, et totalement pour les personnes à risque.
Je reste donc à la maison pour l'instant.

L'organisation sur place est chamboulée, on ne peut plus s'assoir à moins d'un mètre d'un collègue, les bureaux sont désinfectés tous les soirs, il y a des sens de circulation, plus d'espaces de pause et le repas de midi se fait de façon étalée et en petits groupes. Les gestes barrières sont omniprésents.

Cette situation me plait toujours, il fait beau, il commence à faire chaud, on profite de notre extérieur et de notre chez nous. On va commencer à revoir la famille et quelques amis, la vie reprend un peu son cours normal. Nous installons la piscine dans le jardin.

Juin :

La communication devient un peu plus difficile entre moi et le reste de l'équipe qui revient au bureau. Je n'ai pas forcément toutes les infos, la communication orale commence à revenir.

Une nouvelle personne arrive dans mon équipe. Les projets reprennent leur rythme de croisière. Certaines personnes fragiles font le choix de revenir au travail car c'est trop difficile de tenir à la maison, parfois tout seul.

Nous décidons d'annuler nos vacances de fin Aout, les plages du sud ne semblaient pas la meilleure idée pour se protéger. Coup dur pour les enfants, nous promettons de faire plein de sorties dans le coin en échange. pendant ce temps ils commencent déjà à profiter des premières baignades, notre petite découvre la grande piscine avec excitation.

Notre plus grand est content de retrouver l'école pour une dernière semaine de cours avant les vacances. Une semaine courte mais qui fait du bien au moral.

Juillet-Aout :

Pendant cette période l'activité des projets est ralentie, mais les personnes présentes ont tout de même toutes les tâches courantes à accomplir. La routine est bien installée, la communication est maintenant bien rodée.

Les gestes barrières commencent un peu à s'oublier, on se surprend à refaire parfois la bise aux parents et aux amis. On essaie de se voir un peu plus, même si ça reste moins que les autres années.

Nous profitons des vacances pour se promener autour de chez nous, nous découvrons quelques lieux, mais sommes surtout à la recherche d'endroits pas trop fréquentés, en extérieur.

Septembre - Octobre :

Je commence à me poser la question d'un retour sur place au travail. Au bureau, le cours normal n'est pas revenu et est toujours rythmé par un cycle de télétravail et de gestes barrière.

Notre plus grand peut à nouveau faire du sport, cette année ce sera Basket et Tennis, un sport individuel et un sport d'équipe. Bonne nouvelle pour les parents, les deux sont en intérieur pour les jours pluvieux de l'hiver.

Octobre :

Ma chaise de bureau d'il y a 15ans commence à souffrir de l'activité intense de ces derniers mois, mon dos aussi. Impossible de trouver le graal dans les commerces du coin, il faut dire que c'est très recherché ces derniers temps. Internet saura nous sauver, il en reste en provenance des Pays-Bas.

Après avoir été bas tout l'été, les chiffres des contaminations repartent en exponentielle, la nouvelle couve depuis quelques semaines, nous allons à nouveau nous retrouver confinés dès le mois de novembre. Cette fois-ci moins restrictif, mais les rencontres entre amis et avec la famille resteront à nouveau en visioconférence.
Le sport de notre plus grand tombe de nouveau à l'eau.

Novembre :

Je recommence à me poser la question d'un retour sur place au travail. Je me dis que si le taux d'occupation des lits baisse suffisamment, je pourrais demander l'autorisation de retourner sur place.

Les collègues se sentent de nouveau rapidement en difficulté à rester à la maison, heureusement pour certains qu'il est possible de revenir sur place deux jours dans le mois pour sortir de chez soi.

Cette fois-ci le confinement, même si moins restrictif, est plus compliqué à vivre. Il ne fait pas beau, les journées sont plus courtes, on ne peut plus profiter de l'extérieur. Pas facile de dépenser toute l'énergie des petits uniquement dedans, parfois la tension monte. Après l'euphorie du premier confinement, nous voici sur l'autre face, bien moins sympathique.

Mardi 15 Décembre :

Nous sommes à nouveau dé-confinés, cette fois-ci avec beaucoup de restrictions supplémentaires. 

Le télétravail se poursuit toujours, pas d'horizon sur un éventuel retour avant le 20 janvier pour ma part. Pour les autres collègues ce sera comme pendant le confinement, c'est à dire 2 jours par mois, mais obligatoires cette fois-ci, et presque à chaque fois, tout seul dans le grand bureau. Je me dit que ça commence à faire long, de rester en télétravail depuis Mars.

Mais le sport peu reprendre, enfin une bonne nouvelle pour notre plus grand.

Jeudi 17 Décembre :

Le téléphone sonne, la nouvelle tombe. Un dernier soupir en s'endormant. La grand mère que tout le monde aimait et qui avait toujours plaisir à voir ses arrières petits enfants est partie. Elle aura eu quelques jours après la fin du deuxième confinement pour revoir certaines personnes qui comptent, mais pas toutes. Me resterons les mots de mon plus grand : "C'était ma grand mère préférée, elle est devenue une étoile. Je lui ai fait une carte de Noël, je vais la lancer très haut pour qu'elle puisse l'attraper.". Il cherche dans le ciel pour voir s'il trouve cette nouvelle étoile qui est apparue.

Les contaminations ne baissent toujours pas, voir elles augmentent, nous craignons le pire pour cette fin d'année, et surtout une nouvelle année 2021 qui ne commencera pas par des bonnes nouvelles.

Conclusion de premier point étape :

Depuis Mars je n'ai toujours pas revu mes collègues et pourtant nous travaillons ensemble tous les jours. 

Toute l'organisation personnelle comme professionnelle est chamboulée, nous commençons à nous demander si nos enfants vont retrouver les jours insouciants d'avant. 

Nous sommes conscients d'être un peu les privilégiés de cette catastrophe qui est toujours en cours. Nous profitons de ce temps supplémentaire accordé en famille, ce sera un nouveau choc de revenir en arrière. Je suis surtout comblé d'avoir pu voir ma fille grandir à mes côtés sur cette période, c'est un moment important pour un papa, que je n'ai pas pu avoir avec mon plus grand qui est maintenant déjà si grand.

Même si les chiffres et les dernières nouvelles ne sont vraiment pas bonnes, nous espérons que la fin du tunnel est proche. Et que nous pourrons a nouveau échanger sereinement entre amis et en famille, et surtout en présentiel !

A très bientôt avec BricABracDeThom

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